Cannabis - La vaporisation : La défonce du futur

REPORTAGE Des ex-fumeurs affirment avoir atteint le nirvana cannabitique grâce à une machine futuriste: Le vaporisateur. En permettant de contrôler sa défonce et préserver ses poumons, la vaporisation pourrait bien ringardiser la fumette à la papa.



Il ressemble à un tajine ou à une soucoupe volante. A l’intérieur pas d’épaule d’agneau bouillie dans ses figues ni d’extra-terrestre mais 0,4 gramme de weed effrité dans un récipient. Le thermostat est réglé sur 180° et un lampion rouge s’allume : c’est parti pour 2 minutes pendant lesquelles un ballon en plastique de 3 litres relié à la machine se gonfle de vapeur. Une vapeur d’eau 100% THC.

« C’est le Volcano. Ce n’est pas mon vapo préféré mais c’est celui de référence », explique Romain, tout en inspirant l’air contenu dans la grosse capote à demi-gonflée via une petite valve. Pour ses plus fervents promoteurs le mode de consommation dit « de vaporisation » est « le graal » des amateurs de cannabis: plus sain, moins cher et qui maximise les effets. Romain y va de sa petite prédiction: « C’est le futur ! Nos enfants ne fumeront pas de cigarette. Où alors il le feront en disant: ‘regarde on fume comme nos parents. Quelle bande de connards !’ ». Ben tiens !

TU SÉCHAIS TES COURS DE CHIMIE EN 4ÈME ? Le procédé de vaporisation permet « de dégager les arômes et les effets d’une plante sans la combustion », explique joint par StreetPress Michael Schwarz du service marketing de l’allemand Storz & Bickel , le leader mondial des fabricants de vaporisateurs avec son modèle Volcano. Comprendre que sans avoir à brûler son herbe – contrairement à un bang par exemple – la vaporisation permet d’obtenir de la vapeur d’eau chargée de THC … mais pas de fumée.



Romain précise:

« La vaporisation détache le principe actif de la matière végétale sans la brûler. Quand tu fumes un joint ce qui te défonce ce n’est pas la fraise qui brûle et qui fait de la fumée mais l’air chaud qui passe dans ton joint et vaporise les principes actifs du cannabis ».

Résultat de la fumette made in vapo: la sensation de respirer une fumée très légère et goûtue – qui n’est en fait que de la vapeur – et surtout « une défonce plus high que stone ». Romain enthousiaste: « Tu n’as pas la défonce du monoxide de carbone, de toutes les merdes de ton tabac. Le cassage sur le canapé tu le ressens beaucoup moins ». Et surtout tu préserves tes poumons.



CUISINE MOLÉCULAIRE Sur le site web du fabriquant du Volcano – le vaporisateur le plus vendu au monde – pas d’infos sur la vaporisation de la marijuana mais la recette « des écrevisses à la vapeur de thym » . 

« Je suis convaincu que la vaporisation est promise à un grand avenir. Un jour ça fera intégralement partie de la gastronomie. Surtout si vous regardez la cuisine moléculaire et les cocktails », baratine Michael Schwarz qui en préalable à l’entretien téléphonique a insisté pour « qu’on ne l’interroge pas sur les substances ». Loi oblige. 

Le représentant de la marque en dit quand même un peu plus sur ce qui fait le succès de la marque: 

« Les gens ont pris conscience ces dernières années de l’importance de tous les produits liés à la santé, de ne pas s’abimer le corps ». Comme Guillaume, étudiant en ingénierie de 24 ans, qui a acheté son Volcano parce « qu’il voulait arrêter de fumer »: « Je n’ai pas touché une clope pendant 6 mois tout en continuant à me défoncer. Ça a vraiment marché … bon jusqu’à ce que je parte en Erasmus sans mon vapo ». Saleté d’auberge espagnole.

Le ballon du Volcano se remplit

DANS LE FUTUR TU CONTRÔLES TA DÉFONCE Le vapo est aussi le gadget ultime pour les techno-geeks amateurs de marijuana. Guillaume n’est pas apprenti ingénieur pour rien: 

« Tu peux sélectionner les particules psychoactives en choisissant le degré de combustion. A 190° les principes actifs qui se dégagent ne sont pas les même qu’à 145° ».

Romain confirme: « Les anxiolytiques ne vont pas se dégager aux mêmes températures que les anti-spasmodiques ou les flavonoïdes ». Mais si Romain vaporise c’est surtout pour pouvoir être « foncedé » à peu près partout dans Paris: « Je vaporise en open-space, dans les magasins, dans les transports en commun… Partout: personne ne me grille ! » Sonvaporisateur portable de la taille d’un tube de ventoline fonctionne avec une batterie et ne dégage ni fumée, ni odeur. 

ELITISME Reste un problème de taille avec le vapo: le prix. Le Volcano première génération coûte 398 euros – il faut compter 500 euros pour le dernier modèle – et chez la concurrence, les bons vaporisateurs de salonoscillent entre 220 et 260 euros.

Un journaliste du Daily Beast publiait en 2010 un article intitulé « Comment les riches fument de l’herbe ? » pour parler du phénomène vapo aux États-Unis. Sa conclusion: 

« Le Volcano s’adapte parfaitement à notre société qui embrasse le concept de défonce éclairée: A une époque où tout le monde se défonce, les plus éduqués utilisent un vaporisateur. C’est devenu un symbole gentiment subversif pour sa personne, comme un délicieux tatouage ».

Pierre se souvient comment il a découvert le Volcano en 2009 lors d’une soirée branchée à Williamsburg, Brooklyn: « Entre les étudiants en design et en cinéma, je vois cette grosse tajine qui sert à fumer de la weed. Je n’en ai pas cru mes yeux ! » A la même époque, les vaporisateurs font leur apparition dans les séries TV Weeds et Bored to death.












FAIL ? Michael Schwarz, du fabriquant des Volcano, ne veut pas croire quele vaporisateur soit réservé à une élite: 

« Au début il y avait peut-être un risque pour investir dedans. C’était des personnes matures avec de l’argent et de l’expérience qui achetaient le Volcano. Mais après avoir fait ses preuves, les jeunes se sont aussi dit que ça valait le coup. »

Preuve en est, l’évolution exponentielle du nombre d’appareils vendus: 

« Depuis 2005 et l’ouverture de notre bureau aux USA, on augmentait la production de 10% par an. Mais l’année dernière a été exceptionnellement bonne avec une augmentation de 50 % »

L’entreprise Storz & Bickel s’est même permis le luxe d’embaucher 5 personnes en 2011 pour porter à 41 le nombre de ses employés.


En France des distributeurs comme Romain ont lancé leur business de vapo persuadés d’être les pionniers de la défonce des années 2030. « Tout ce qui viendra dans le futur sera forcément plus sain », explique le jeune homme de 31 ans, VRP à la ville. Avec son beau-frère et armés d’un numéro de Siret, ils ont commencé à distribuer leurs machines sur le web, en espérant bientôt vivre de leur hobby. Mais comme Volcano, ils ne communiquent pas sur le nombre d’appareils vendus.

Source: Streetpress

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