Pas de flingues pour les fumeurs de marijuana médicale

Nos cousins américains ont parfois des débats qui peuvent paraitre étrange de ce côté de l’Atlantique. Ainsi de la polémique actuelle entre Etat fédéral et Etats fédérés concernant le cannabis à usage thérapeutique.

D’un côté, quinze Etats américains ont déjà adopté des législations autorisant les malades à se soigner en fumant de l’herbe, et d’autres pourraient bientôt suivre. De l’autre, malgré les déclarations rassurantes de Barack Obama lors de son élection, le gouvernement fédéral fait son maximum pour inverser la tendance et a même récemment pris une série de mesures pour dissuader ceux qui seraient tentés d’ouvrir de nouveaux dispensaires.

Dernière, et surprenante, initiative en date de Washington, un mémo du Département de la Justice adressé fin septembre aux marchands d’armes du pays leur précisant qu’il est interdit de vendre armes et munitions aux consommateurs de marijuana médicale. Selon les termes de ce mémo:

« Toute personne qui utilise ou est dépendante de la marijuana, même si son Etat de résidence a voté une loi autorisant l’usage de marijuana à des fins thérapeutiques, est considérée comme un usager illicite d’une substance contrôlée et se voit donc interdire par la loi fédérale la possession d’armes à feu ou de munitions. »

Et de rappeler aux marchands d’armes à feu qu’il est de leur responsabilité de refuser une vente s’ils ont des « raisons sérieuses de croire » que leur client est un consommateur de cannabis thérapeutique. Parmi ces « raisons sérieuses », le fait d’être porteur d’une carte de consommateur de marijuana médicale ou encore de répondre positivement à la question de savoir si l’on consomme des drogues dans le questionnaire que doivent remplir les acheteurs d’armes à feu.

Officiellement, ce mémo a été publié en réponse à de nombreuses demandes de revendeurs. Mais pour les partisans de la marijuana médicale, il n’est qu’une manoeuvre de plus du gouvernement fédéral pour faire des malades utilisant du cannabis des citoyens de seconde zone, comme l’explique Morgan Fox, du Marijuana Policy Project:

« Je ne pense pas que les fédéraux vont réellement s’en prendre aux marchands d’armes qui en vendent à des clients consommant de la marijuana médicale, mais l’essentiel dans cette affaire est que si vous utilisez cette médecine, vos droits constitutionnels sont bafoués. »

Etonnamment, alors que cette question a provoqué une vaste polémique aux Etats-Unis, les puissantes associations de défense des armes à feu se sont montrées cette fois assez discrètes, regrettant juste que le gouvernement fédéral fasse peser sur les épaules des revendeurs la responsabilité de deviner qui pourrait, ou non, consommer de la marijuana médicale.

Dans le Montana, qui compte 24 000 utilisateurs enregistrés de marijuana médicale et probablement bien plus de possesseurs d’armes à feu, le procureur général a écrit ce lundi à son homologue de Washington pour exprimer son mécontentement face à cette « déclaration unilatérale » et lui demander que la police fédérale n’intervienne pas pour punir les contrevenants avant qu’une solution négociée ne soit trouvée. Une initiative soutenue par les élus de l’Etat à Washington. Pragmatique, un revendeur local conclue:

« De toutes façons, la plupart des utilisateurs de marijuana médicale ne sont pas vraiment des amateurs de tir sportif. On perdra peut-être une vente ou deux, mais rien de dramatique là-dedans. »

Arnaud Aubron

Source:LesInrocks

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