La Grèce va dépénaliser l'usage des stupéfiants

ATHENES - La Grèce va dépénaliser la consommation et la possession en petites quantités de toutes les drogues, a indiqué mercredi le ministre de la Justice Miltiades Papaïoannou, après l'adoption d'un projet de loi en conseil des ministres.

Le droit grec doit être harmonisé avec la législation européenne et la personne qui est arrêtée avec de petites quantités consacrées à son propre usage ne sera pas considérée comme criminelle, a affirmé M. Papaïoannou au cours d'une conférence de presse.

Le ministre a précisé que ces petites quantités seraient définies lors du dépôt de la loi au parlement dans les prochaines semaines avant son élaboration par une commission parlementaire spéciale et des experts.

Le projet de loi a été approuvé mardi soir en conseil des ministres.

L'usager de stupéfiants est un malade et non pas un criminel, a souligné M. Papaïoannou.

Selon l'actuelle législation pénale en Grèce, l'une des plus sévères, la possession à usage personnel de drogues, même en petite quantité, et leur consommation entraîne des peines de prison allant jusqu'à cinq ans.

Près de 4.500 des 12.000 détenus dans les prisons grecques sont condamnés pour des délits liés à la drogue a dit M. Papaïoannou, des délits allant du simple usage au vol ou à la détention d'arme.

En revanche, le trafic de drogue restera un crime passible de peines de prison de 10 à 20 ans, a-t-il souligné.

Le ministre avait annoncé la prochaine dépénalisation de l'usage de stupéfiants début août soulignant que la mesure serait également appliquée aux mineurs, qui depuis une loi de 2010 ne sont plus emprisonnés pour des délits mais seulement pour des crimes liés aux stupéfiants.

Alors que le nombre d'usagers de drogue en Grèce est moins élevé que dans d'autres pays européens, le nombre de décès s'élève à 300 personnes chaque année.

La question des stupéfiants reste tabou en Grèce, pays situé aux confins sud-est de l'Europe et qui sert souvent de transit aux réseaux de trafic de drogue entre la Turquie ou l'Albanie et l'ouest.

Le Premier ministre socialiste Georges Papandréou s'est déclaré à plusieurs reprises dans le passé en faveur de la légalisation du cannabis, estimant que cela serait un pas dans la bonne direction.

M. Papandréou fait partie d'une Commission mondiale sur les politiques contre les drogues (Global Commission on Drug Policy) réunissant des intellectuels, d'anciens ou actuels chefs d'état européens ou sud-américains, l'ancien secrétaire général de l'Onu Kofi Annan, ou des personnalités comme l'ancien patron de la Réserve Fédérale américaine Paul Volcker.

Début juin, ce club mondial de lobbyistes a estimé dans un rapport que le combat mondial contre la drogue avait échoué et que le seul recours était désormais un arrêt de la pénalisation des consommateurs de drogue.

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